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Ñòàðûé 19.11.2022, 23:51   #9
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EXCLUSIF. Mylène Farmer se confie au JDD : « J’ai failli tout arrêter »
INTERVIEW - Le 25 novembre, Mylène Farmer sort un nouvel album, intitulé « L’Emprise ». Sa parole est rare. Pour le JDD, la chanteuse lève un coin du voile et se révèle comme jamais.

Jérôme Béglé
19/11/2022 à 18:42, Mis à jour le 19/11/2022 à 18:58
Mylène Farmer.
Mylène Farmer. © Marcel Hartmann pour le JDD

Mylène Farmer est un livre des records à elle seule. En quatre décennies de carrière, depuis la sortie de Maman a tort en mars 1984, elle a décroché huit disques de diamant, dont cinq ont dépassé le million *d’exemplaires vendus. Il s’est déjà écoulé 550 000 billets de sa tournée NeverMore, qui débute le 3 juin à Lille. Elle sera la seule artiste francophone à remplir 13 stades en France, en Belgique et en Suisse. Avant que l’ombre… À Bercy détient le record de ventes de DVD musical : 500 000 exemplaires. Enfin – mais on pourrait multiplier les exemples –, elle est l’unique chanteuse ayant classé deux fois tous les singles d’un même album en tête du Top 50 avec Point de suture, sorti en août 2008, et Bleu noir, sorti en décembre 2010, par ailleurs le premier LP le plus téléchargé en une semaine de tous les temps. Aussi la sortie le 25 novembre de L’Emprise, son premier disque depuis 2018, est-elle un événement. Sa parole est rare, exceptionnelle même, tant la jeune « sexygénaire » répugne à parler d’elle, à livrer ses secrets de fabrication, à dire qui elle est vraiment. Pour le JDD, elle lève un coin du voile et se révèle comme jamais.

En pleine période MeToo, vous sortez un album intitulé L’Emprise. Est-ce un hasard ?
Oui. Ce thème s’est imposé à moi en dehors de toute actualité. Qui n’a pas croisé le chemin d’une personne dite perverse narcissique ? Qui n’a pas un jour été sous l’emprise d’une telle personne ? Féminine ou masculine, peu importe. Les êtres ultrasensibles ou habités de doutes qui les rongent sont une proie idéale… L’important est de l’identifier et de tenter de combattre cette emprise. C’est un thème qui me bouleverse et me met souvent dans une colère noire. Je suis bien sûr très émue par la solitude des victimes qui, dans le meilleur des cas, n’arrivent à se faire entendre qu’au bout de nombreuses années. Je suis en colère parce que les victimes s’isolent et s’enferment malgré elles en acceptant ce qu’aucun être humain ne devrait tolérer. Plus largement, je trouve le thème de l’emprise universel. Il y a une forme d’emprise dans tous les domaines où le libre arbitre, la libre-pensée sont mis à mal.

"Difficile de ne pas être sidérée par cette période où l’on assiste à la fin d’un monde… Cela crée un grand vide et un chaos mental"
Avec quels nouveaux artistes collaborez-vous ? Et qu’est-ce qui a guidé votre choix ?
Ce qui guide mes choix, c’est l’envie. Elle doit venir de moi et de ceux avec qui je travaille. Woodkid est venu à moi alors que j’avais depuis longtemps envie de l’approcher. C’est un surdoué. Un artiste qui ne lâche jamais rien, un ami aujourd’hui. C’est aussi un homme humble, cultivé et curieux de tout. Je me suis retrouvée dans ses orchestrations symphoniques. Nous sommes assez jumeaux finalement, tiraillés entre ombre et lumière. Nous nous sommes dit que ça nous définissait bien. Woodkid m’a aussi amenée jusqu’à la conception d’un autre moi… un avatar. Qui ne me donne pas du tout d’ailleurs l’impression d’un étrange étranger… Tous les titres de *Woodkid sont très *cinématographiques. C’est un homme d’images après tout. Ce qui fait son unicité. Yoann [Woodkid] a souhaité la présence d’Yvan Cassar, qui a magnifiquement joué les pianos d’Invisibles et d’Ode à l’apesanteur.

On retrouve également les Britanniques d’Archive, avec lesquels vous aviez déjà collaboré en 2010 pour l’album Bleu noir…
J’ai éprouvé énormément de plaisir à retrouver Darius, le compositeur. C’est aussi un ami aujourd’hui. L’excellent bassiste Jonathan Noyce est sur scène avec moi dans tous les spectacles. C’est un *bonheur. Il y a véritablement un son Archive que l’on reconnaît à la première note. Autre *collaboration qui m’est chère : Moby. Il m’a *invitée récemment sur un de ses titres, m’a demandé de poser une voix parlée : un extrait de poème. Je lui avais moi-même déjà demandé des titres pour mon nouvel album. Tout chez lui m’enchante. L’artiste, son sens de la mélodie, du rythme. C’est un Martien [rires] et mon ami musical.

Votre album dégage encore plus de gravité que les précédents. Est-ce votre état d’esprit ou l’époque qui vous incite à une telle inclination ?
Difficile de ne pas être sidérée par cette période où l’on assiste à la fin d’un monde… Cela crée un grand vide et un chaos mental. Un monde nouveau se profile dont on ne connaît pas bien les contours. La seule certitude, c’est que le passage d’un monde à l’autre risque de se faire dans la violence. C’est très angoissant. Pour certains l’« à quoi bon » est prédominant, pour d’autres c’est l’envie de liberté, de s’affranchir de tout, et pour beaucoup la peur froide et terrible du lendemain. Quant à moi, il y a aussi l’introspection… Avec cette question essentielle : « Qu’est ce qui est important dans ma vie ? » *Pendant longtemps j’ai été incapable d’écrire un seul mot​… Je pensais tout arrêter. Puis c’est arrivé d’un seul coup. J’étais comme la marée montante​…

"Je ne ressens pas le besoin de faire savoir mes engagements. Ils existent mais restent anonymes"
La vie d’une artiste se partage entre l’écriture, l’enregistrement et la scène, que préférez-vous ?
Ce sont trois moments intimes. L’écriture, c’est le moment où l’on tisse les mots, les émotions. L’enregistrement, c’est le choix de l’interprétation qui donne un sens aux mots. Et la scène est *l’aboutissement, le partage… Enfin ! en un mot : l’essentiel… le public.

La plupart des artistes anglo-saxons ou français s’engagent dans des causes sociétales ou politiques. Pas vous. Est-ce une marque de désintérêt pour ce qui vous entoure ?
Sincèrement, vous pensez que je pourrais manquer d’intérêt pour les choses, les événements, et *finalement pour les autres ? C’est mal me connaître. J’ai choisi la voie de la vie privée. Je ne ressens pas le besoin de faire savoir mes engagements. Ils existent mais restent anonymes. C’est mon choix et c’est mon droit. Ma liberté. Je comprends tout à fait les artistes qui se font porte-parole, mais cela ne correspond pas à ma *personnalité. Pour ceux qui écoutent mes chansons, quelques-uns de mes textes accompagnent les défenseurs de certaines causes depuis de *nombreuses années.

À force de laisser planer un savant mystère autour de vous, de ne jamais parler ou de façon très elliptique, on se demande si vous n’avez pas un lourd secret à dissimuler ?
Mais certainement, oui. Et puisque c’est un secret, laissons-le reposer en paix.

​Des dizaines de livres sur vous ont été publiés. Les avez-vous lus ?
Non. Je sais néanmoins qu’il y en a de qualité mais aussi beaucoup de prétendues biographies qui ne savent rien de moi. Qu’importe.

Quelle est celle qui s’approche le plus de la vérité ?
Celle qui n’a pas encore été écrite ?

"Entre pulsion de vie et pulsion de mort, les hommes sont une grande source d’inspiration dans mes textes"
Vous chantez volontiers Eros et Thanatos. Quel est votre rapport aux hommes ?
Eros et Thanatos résument bien mon rapport aux hommes. Entre pulsion de vie et pulsion de mort, les hommes sont une grande source d’inspiration dans mes textes. Ils sont tout à la fois attirants pour leur sexualité, leur ambition, leur grandeur d’âme et destructeurs par leur volonté de puissance, leur égocentrisme régressif, leur cruauté. La tension qu’ils créent entre ces deux pulsions est un chemin qui mène de l’amour à la haine et vice versa. C’est le chemin chaotique de la vie et probablement à l’origine de la plupart des œuvres depuis l’aube des temps.

Comme souvent, un mot revient très souvent dans votre album : « ciel ». Que vous inspire-t-il ?
L’infiniment mystérieux, *l’existence d’un au-delà​… Un ciel poétique…. Le divin. Mais c’est aussi la possibilité d’un ailleurs pour les générations futures. Le ciel n’est sans doute plus *synonyme d’un voyage uniquement spirituel, mais dans l’avenir une possible conquête… La réalité va peut-être rejoindre la science-fiction.

On devine chez vous une part de mysticisme. Vrai ou faux ?
Si l’on parle de sentiment, *d’intuition, c’est vrai. La plupart de mes choix sont intuitifs. J’ai besoin parfois d’être hors de ma zone de confort, d’être portée par un sentiment. C’est exaltant, c’est angoissant et c’est la vie.

Avez-vous recours à la prière dans votre vie de tous les jours ?
C’est trop personnel, cette question. Je peux néanmoins vous dire que je pense souvent à la vie de Padre Pio, je lis la vie de sainte Thérèse d’Avila ou de sainte *Thérèse de Lisieux. Que j’aime entrer dans des églises, qu’elles soient petites ou grandes, parce que c’est un lieu apaisant, tout simplement. L’odeur de l’encens est divine. On le sait, l’homme est un loup pour l’homme, mais je crois aussi à la bonté, à la puissance de l’esprit, des égrégores.

​Que lisez-vous ? Quelles sont les derniers livres que vous avez lus ?
Le dernier est L’Amour suprême, de Villiers de L’Isle-Adam​… J’ai ce livre depuis si longtemps, il déménage avec moi et nous nous retrouvons avec plaisir.

Annie Ernaux a été couronnée par le prix Nobel de littérature. L’avez-vous lue ? Aimez-vous son œuvre ?
J’en suis désolée mais je ne connais pas son œuvre. Je vais m’y intéresser puisque vous m’en parlez. J’imagine sa joie. C’est immense, un prix Nobel.

"L’idée qu’un homme libre de sa pensée soit condamné à se protéger toute sa vie pour avoir exercé son travail d’écrivain me révolte"
Vous avez noué une amitié avec Salman Rushdie , avez-vous des nouvelles de sa santé ?
Oui, j’ai des nouvelles de Salman Rushdie comme tout le monde. Je suis heureuse qu’il ait survécu à cet acte barbare. L’idée qu’un homme libre de sa pensée soit condamné à se protéger toute sa vie pour avoir exercé son travail d’écrivain me révolte. C’est *vertigineux.

Que vous inspire son parcours littéraire et malgré lui politique ?
C’est un parcours atypique. Une collision entre un artiste et l’Histoire qui engloutit l’ensemble de son œuvre. Salman Rushdie ne s’inscrivait pas dans une démarche politique, si je ne me trompe pas… Il est victime de l’intolérance, il est devenu un objet politique malgré lui.

Dessinez-vous toujours ? Pourquoi n’organisez-vous pas une exposition de vos œuvres ?
Je ne me sens pas prête pour ça​… Je le fais par plaisir, une façon pour moi de m’évader, de laisser mon *imaginaire voyager… De me défouler, parfois.

Votre prochaine tournée s’appelle Nevermore. Le titre doit-il être pris au pied de la lettre ? Ce peut être la toute dernière ?
Comment répondre à une telle question ? Je vis le moment présent. Je refuse de me projeter, c’est une source d’angoisse terrible pour moi. Le présent reste mon refuge. J’ai si hâte de retrouver le public, même si je suis toujours très angoissée de n’être pas à la hauteur de leur attente.

Comment envisagez-vousla suite de votre carrière ?
En étant libre. Libre de me réinventer, de croiser le chemin de personnes talentueuses qui m’enrichissent intellectuellement, artistiquement ou tout simplement humainement. Je n’ai pas la réponse que vous attendez, j’imagine. Vous posez beaucoup trop de questions à mon goût. [Rires.] Je suis là pour ça, je crois…

Que rêvez-vous de faire dans les années à venir que vous n’ayez pas encore accompli ?
Monter dans une soucoupe volante et m’envoler vers d’autres galaxies.

"Alors oui, demander qu’on "assiste ma fin de vie" est ce que je souhaiterais pour moi"
Avez-vous peur de vieillir ? Et peut-être de faire l’album ou la tournée de trop ?
Je n’ai pas de réponse à cette question. Mais pourquoi ne pas ajouter l’interview de trop, aussi… [Rires.]

Le débat sur la fin de vie agite la France : avez-vous un avis ? Faut-il légaliser l’euthanasie ?
Je suis depuis très longtemps sensible à ce sujet. Il y a quelques années, j’ai rencontré Marie de Hennezel, femme incroyable, dévouée à ces personnes qui ont tant besoin d’être soutenues et accompagnées. Alors oui, demander qu’on « assiste ma fin de vie » est ce que je souhaiterais pour moi.

Quels sont les personnages, anonymes ou célèbres, que vous admirez ?
Les médecins, les chirurgiens qui sauvent des vies, les souffleurs de verre, les gens simples qui mettent du cœur à l’ouvrage, Hélène *Grimaud, pianiste envoûtante. Et tant d’autres…

Y a-t-il des rencontres qui ont marqué votre vie ?
Mes chiens et mes chats et leur amour inconditionnel.

Madonna est-elle un modèle, une source d’inspiration, une amie ?
Elle est une artiste qui a marqué, innové, et qui a comblé son public dans le monde entier. C’est impressionnant.

Vous n’avez jamais eu d’enfants. Avez-vous réfléchi à ce que deviendrait votre œuvre et son exploitation ?
Non, mais ma famille est tout pour moi. Merci de me rappeler la finitude. [Rires.]

Qui vous fait rire ?
Pierre Desproges et les Minions.

Qu’est-ce qui vous fait pleurer ?
La poésie… et les oignons.

Beaucoup d’artistes quittent la France. N’avez pas été tentée de vous installer à l’étranger ?
Dans l’Arctique avec les Inuits.
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